Quelques mots juxtaposés et nous voilà en rêve, une utopie alliant poésie et biologie, l’ Histoire de la vie en rhapsodie.
Cette page rassemble les poèmes, aphorismes et autres chansons apportant une évasion littéraire et une douce lumière…
changer le monde
changer les choses avec des bouquets de roses
changer les femmes
changer les hommes
avec des géraniums
je m’souviens, on avait des chansons, des paroles
comme des pétales et des corolles
qu’écoutait en rêvant
la petite fille au tourne-disque folle
le parfum
imagine le parfum
l’Eden, le jardin,
c’était pour demain,
mais demain c’est pareil,
le même désir veille
là tout au fond des cœurs
tout changer en douceur
changer les âmes
changer les cœurs avec des bouquets de fleurs
la guerre au vent
l’amour devant
grâce à des fleurs des champs
ah! sur la terre
il y a des choses à faire
pour les enfants, les gens, les éléphants
ah! tant de choses à faire
moi pour
te donner du cœur
je t’envoie des fleurs
tu verras qu’on aura des foulards, des chemises
et que voici les couleurs vives
et que même si l’amour est parti
ce n’est que partie remise
pour les couleurs, les accords, les parfums
changer le vieux monde
pour faire un jardin
tu verras
tu verras
le pouvoir des fleurs
y a une idée pop dans mon air
{au Refrain, x2}
changer les…
Changer les cœurs…
Alain Souchon & Laurent Voulzy
Henri de Règnier
Un petit roseau m’a suffi
Pour faire frémir l’herbe haute
Et tout le pré
Et les doux saules
Et le ruisseau qui chante aussi
Un petit roseau m’a suffi
A faire chanter la forêt
Ceux qui passent l’ont entendu
Au fond du soir, en leurs pensées
Clair ou perdu,
Proche ou lointain…
Ceux qui passent en leurs pensées
L’entendront encore et l’entendent
Toujours qui chante.
Il m’a suffi
D’un petit roseau cueilli
A la fontaine où vint l’ Amour,
Sa face grave
Et qui pleurait,
Pour faire pleurer ceux qui passent,
Et trembler l’herbe et frémir l’eau ;
Et j’ai, du souffle d’un roseau,
Fait chanter toute la forêt.
Henri de Règnier 1864-1936
(Jeux rustiques et divers)
Jean-Claude Brinette
Arbres remplis de fruits qu’en cette saison la nature
Nous donne généreusement !
Gaieté dans les vignes où les raisins bien mûrs
Sont cueillis en chantant.
Premiers brouillards et champignons cachés des bois
Nonnettes voilées, bolets bais…
Sous les noyers les enfants cherchent les dernières noix
Que le vent fait tomber.
Dans un grand champ un percheron retourne la terre
En fumant des nasaux
Pendant qu’une volée d’oiseaux se battent à l’arrière
Pour quelques vermisseaux !
De temps à autre, des aboiements cassent le silence
Mêlés de coups de feu …
Cache-toi petite biche des chasseurs sans clémence,
Si tu veux vivre heureuse,
Dans les sous-bois colorés et les arbres chargés
D’or, de feu et d’argent.
Tes amis les cerfs se battent comme des enragés,
Pour toi, jeune et charmante !
Pourtant chaque soir le soleil rétrécit sa course
En voyageur pressé.
Et chaque nuit : la Petit’ Ours se colle à la Grand’ Ours
Sans jamais renoncer !
Premiers cheveux blancs qu’on voit dans un miroir
Dès l’automne de l’âge,
Derniers vols d’hirondelles qui sentent venir le froid
Et partent vers les plages…
C’est la rentrée, les marrons sont tombés ; les feuilles
Voltigent au vent du Nord
L’enfant tout joyeux saute, les poursuit et les cueille
En sortant de l’école,
Et des plus belles couleurs, il s’en remplit les mains,
Puis les porte à sa mère,
Qui pour ne pas décevoir, garde précieusement :
Ce trésor éphémère
Paul VERLAINE
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m ’emporte
De-ci, de-là,
Pareil à la
Feuille morte.
Alphonse de Lamartine
Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre d’un seul jour ?
O Lac ! l’année à peine a fini sa carrière
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir
Regarde je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos :
Le flot attentif et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :
O temps ! suspends ton vol, et vous heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent,
Oubliez les heureux.
Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : sois plus lente et l’aurore
Va dissiper la nuit
» Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
Temps jaloux, se peut’ il que ces moments d’ivresse
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Eternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
O lac ! rochers muets ! grottes ! forêts obscures !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez belle nature,
Au moins le souvenir !
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
Alphonse de Lamartine (en savoir plus !) « Méditations poétiques »
Victor HUGO
Lorsque l’enfant paraît le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être ?
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.
Enfant vous êtes l’aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Qu’on ose pas toucher,
Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire
On rit, on se récrie, on l’appelle et sa mère
Tremble à le voir marcher…
Les yeux des enfants ont une douceur infinie,
Et leur petites mains, joyeuses et bénies,
Ignorent le mal encore !
Jamais, vos jeunes pas n’ont touché notre fange,
A l’auréole d’or !
La nuit lorsque tout dort, quand l’esprit rêve, à l’heure
Où l’on entend parfois une petite voix qui pleure,
Sur des ailes d’azur,
Sans le comprendre encore, vous explorez le monde.
Double virginité : corps où rien n’est immonde,
Ame où rien n’est impur !
Il est si beau l’enfant avec son doux sourire,
Ses deux grands yeux ouverts qui ne savent pas mentir.
Dans le mal triomphant :
Préserve-moi Seigneur, d’été sans fleurs vermeilles,
De cage sans oiseaux, de ruche sans abeilles,
D’une Maison sans enfants …
(Les feuilles de l’Automne, XIX)